CHARGE MENTALE : COMMENT S’ALLEGER DE CE FARDEAU
Quelques chiffres pour planter le décor
Selon la dernière étude de l’INSEE, datant de 2010, les femmes assumaient 71% des tâches domestiques et 64% des tâches parentales. Et, on peut facilement imaginer que les choses ne se sont pas arrangées avec les différents confinements et le télétravail.
Si on veut transposer cette répartition en temps passé, d’après une enquête de l’observatoire des inégalités, une femme consacrerait en plus de son emploi, environ 3h30 par jour aux tâches domestiques, en incluant les devoirs des enfants, alors qu’un homme y accorderait seulement 2h par jour. Entre 1999 et 2010, le temps moyen quotidien consacré par les femmes à ce travail a baissé de 22 minutes alors que celui des hommes a augmenté d’1 minute. A ce rythme, il faudrait des décennies avant d’atteindre l’équilibre en termes de partage des tâches au sein du couple.
Qu’est-ce que la charge mentale au juste ?
C’est avant tout une tâche intellectuelle. C’est le fait d’être responsable de devoir penser à tout, pour tout le monde, tout le temps, d’anticiper, de planifier, d’organiser tout, et d’exécuter la majorité des choses. Généralement, on se couche en pensant déjà à l’organisation du lendemain. On a le sentiment de ne jamais pouvoir déconnecter, d’être soumis à une to-do-list sans fin, où s’entremêlent les contraintes professionnelles, personnelles, familiales, sociales et de couple.

Il peut s’agir de l’organisation des prochaines vacances mais aussi, et surtout, de toutes les petites choses anodines du quotidien. Vous savez, toutes ces petites choses peu gratifiantes et ingrates comme organiser les tournées de machines, prévoir le repas du soir, prendre rendez-vous chez le dentiste pendant la pause du midi, penser à la liste de courses sous la douche, organiser sa journée pour être à l’heure à la sortie du cours de natation du cadet, penser à envoyer la facture à la mutuelle, répondre à une invitation d’anniversaire, réfléchir à un cadeau qui pourrait plaire et prévoir de l’acheter…
Qui est concerné ?
En y réfléchissant bien, la charge mentale concerne tout le monde, que l’on soit en couple, célibataire ou séparé, avec ou sans enfants. C’est un travail d’organisation et de gestion qui est plus ou moins conséquent mais incontournable et constant. Néanmoins, les personnes les plus sujettes à cette charge mentale sont les personnes anxieuses, pessimistes et perfectionnistes.
De manière générale, quand la femme est en couple, et de surcroit une maman, cette planification de la vie familiale lui revient de plein droit pour satisfaire les besoins de tous. Autrement dit, à cause d’une gestion inégale des tâches au sein du foyer, les femmes subissent, par répercussion, ce fardeau mental. Pour exemple, 90% des rendez-vous pris sur Doctolib le sont par des femmes.
Concernant le parent solo, père ou mère, il est davantage touché par cette charge mentale puisqu’il doit assurer sur tous les fronts.
Vous prendrez bien un supplément « kinkeeping » ?
Qu’est-ce que c’est au juste ? Ce terme est défini par l’American Psychological Association comme le rôle social de protection des relations entre tous les membres de la famille, au sens large, qui pèse sur la santé mentale de 85% des femmes âgées de 40 à 69 ans. (Informations les plus récentes tirées de l’étude réalisée en 1996 par Psychology Today). En d’autres termes, ces personnes doivent s’assurer de maintenir voire d’améliorer le lien et l’harmonie parmi les membres de leur famille. Dans la pratique, elles sont en charge de l’organisation des repas de famille. Elles font vivre le Facebook familial ou autre. Elles rappellent les dates anniversaires à tout le monde pour éviter les déconvenues. Elles prennent les devants en demandant des nouvelles à chacun sans attendre leur appel…. Mais surtout, elles doivent faire en fonction des humeurs, des disponibilités et des finances de chacun, sans la moindre reconnaissance et au risque de se retrouver au beau milieu de désaccords ou de conflits familiaux. On parle, là, d’un beau fardeau émotionnel invisible ! Et bien évidemment, mathématiquement parlant, cela laisse peu de place à ces personnes pour prendre soin d’elles.
Attention à la surchauffe
Quand on en vient à parler de surcharge mentale, c’est que la personne n’arrive plus à faire face aux préoccupations qui envahissent son esprit, qu’elle perd sa capacité à penser clairement et que le contenu de sa todolist est probablement supérieure à sa capacité de gérer les tâches.
Inconsciemment, cette personne va adopter un comportement spécifique.
Il existe 3 types de réactions possibles et d’une personne à l’autre chacun ne réagit pas de la même façon :
👉 L’attaque. La personne va commencer par faire des pics, des commentaires négatifs qui vont contribuer à générer chez elle des pensées négatives puis de la colère qui va se répercuter sur son conjoint. Cela va créer des tensions palpables au sein de la famille et générer quelques fois des dommages irréparables.
👉 La fuite. La personne va se murer dans le silence. La communication va devenir de plus en plus difficile et le stress va considérablement augmenter et créer une ambiance pesante au niveau familial.
👉 La sidération. La personne n’arrive plus à agir et les choses ne se font plus. Cela devient rapidement la catastrophe.
Quelles sont les conséquences d’une charge mentale trop importante ?
Elle peut occasionner des erreurs ou des oublis mais au-delà de cela, une fatigue physique et psychique intense, des troubles du sommeil, un mal de dos à répétition, des tensions musculaires, des maux de tête incessants, des irruptions cutanées, un stress démesuré, des sautes d’humeur, une perte totale d’énergie et de libido.
La personne a l’impression d’être débordée en permanence, de ne pas disposer de suffisamment de temps. Elle développe un sentiment de culpabilité, de ne pas faire les choses comme il faut, de se disperser, de ne pas en faire assez et pas autant que les autres. Elle se sent incomprise. Elle éprouve un ras-le-bol de tout, elle peut perdre sa joie de vivre et même en arriver au burnout. L’estime de soi, la confiance en soi et l’amour de soi peuvent alors s’effondrer.
Pourquoi les femmes prennent-elles généralement en charge toute cette gestion familiale ?
Je vois plusieurs raisons à cela.
👉 Un lourd héritage du passé
Dans certains pays comme la France, la femme est éduquée dès son enfance à gérer les tâches ménagères. C’est souvent au moment de la première maternité, quand la femme se retrouve seule avec son bébé en journée, pendant que son conjoint travaille, qu’elle va naturellement prendre l’habitude de gérer la maison et s’occuper de l’éducation de son enfant. La femme se sent alors plus légitime que son conjoint à assumer cette fameuse charge mentale. Et il faut avouer que cela arrange bien le conjoint, qui lui, a plutôt été éduqué à assurer la sécurité financière du foyer ou à accomplir des tâches nobles, viriles et visibles comme l’allumage d’un feu, le bricolage ou le jardinage.
C’est là que l’on se rend compte de l’importance de l’éducation que l’on donne à nos enfants par rapport à l’égalité des sexes. Sommes-nous capable de demander à notre garçon de faire le ménage de sa chambre ou d’essuyer la vaisselle ? Notre rôle est de montrer l’exemple en répartissant de la façon qui convient le mieux aux 2 parents, l’organisation et l’exécution des tâches domestiques et parentales pour que nos enfants adoptent les bons réflexes plus tard et que la charge mentale ne soit plus un problème pour les générations futures.
👉 Des croyances à déconstruire
L’une d’elles est de considérer que l’homme est supérieur à la femme et qu’il pourrait perdre de sa virilité ou de sa noblesse à prendre en charge des tâches à la maison.
Une autre croyance est d’estimer que le fait de gagner moins que son conjoint justifie qu’il participe moins puisqu’il est le pilier économique du foyer. Rappelons que l’écart de salaire entre les hommes et les femmes, pour un même poste, est d’environ 20% !
Une troisième croyance que j’aimerais vous partager est celle de croire que les femmes sont pourvues d’une faculté à réaliser plusieurs choses à la fois et génétiquement mieux organisées que les hommes.
👉 La part de responsabilité des femmes
Nous avons tendance à infantiliser les hommes. Qui ne s’est jamais dit : « Je vais le faire, au moins je suis sûre qu’il ne va pas oublier ? » OU « …que ce sera bien fait ? ». Il nous appartient d’apprendre à lâcher prise et de laisser faire notre conjoint pour qu’il apprenne par lui-même.
👉 Le manque d’estime de soi de la femme
Quand elle y est confrontée, elle a tendance à se comparer aux autres femmes et elle a peur de leur jugement. Elle a des exigences élevées envers elle. Elle veut réussir à tout faire parfaitement et par elle-même parce qu’elle est persuadée que c’est ainsi qu’elle est un bon parent et une bonne épouse.
Des prises de conscience s’imposent
On a souvent tendance à s’infliger une forte charge mentale alors que l’on pourrait donner un peu de liberté à notre esprit, nous simplifier la vie en fonctionnant autrement. Je vous l’accorde, ce n’est pas quelque chose de facile à faire seul dans son coin, et une aide extérieure est bien souvent nécessaire pour pouvoir constater des vrais changements.
Mais quoi qu’il en soit, la charge mentale n’est pas une fatalité. Et il est indispensable de l’alléger si on veut mieux gérer nos ressources physiques et émotionnelles et maintenir une bonne harmonie familiale.
Pour ce faire, les femmes doivent être convaincues qu’il ne s’agit pas de se faire aider mais de faire « tourner la maison » à deux. Et les hommes doivent prendre conscience qu’une répartition plus équilibrée de la logistique et des tâches relève de la justice et non de la gentillesse.
Quelles sont les solutions pour mieux équilibrer la charge mentale dans notre couple ?
🗝 Il est déjà impératif de faire preuve d’indulgence envers soi en passant de l’auto critique à l’auto compassion et en revoyant nos exigences.
Une journée ne fait que 24 heures. Il est parfois impossible de pouvoir tout faire dans ce laps de temps. On se met bien souvent une pression disproportionnée avec trop d’impératifs. On souhaiterait maintenir les mêmes attentes et les mêmes exigences que l’on avait avant d’avoir des enfants, voire plus. On doit apprendre à lâcher prise sans culpabiliser et faire de notre mieux sans se juger ni se comparer.
🗝 Il est essentiel de faire un état des lieux pour prendre conscience du poids de la charge mentale de chacun des deux parents.
Le mieux est donc de faire une « did list », c’est-à-dire, faire la liste de tout ce qui a été pensé, planifié, organisé ou géré dans la journée, voire la semaine, et qui concerne les tâches domestiques ou parentales. Le fait d’écrire permet de se rendre compte de tout le travail accompli et d’en faire prendre conscience à l’autre.
🗝 Pour rééquilibrer ensuite équitablement cette charge, il faut tout poser à plat
L’idée est d’établir avec le conjoint la liste de toutes les tâches, leur fréquence et leur durée, sur le trimestre, le semestre ou l’année s’il n’y a rien de nouveau dans notre vie dans cet intervalle. Ensuite, vient le temps de se répartir les tâches en précisant à quel moment elles doivent être idéalement réalisées. Certaines taches peuvent se faire à tour de rôles. L’utilisation d’un agenda familial peut être utile. De même, en fonction de l’âge de nos enfants, certaines responsabilités peuvent leur revenir en y intégrant du fun. Par la suite, chacun doit s’engager à s’y tenir.
🗝Pour nous protéger des sollicitations abusives, nous devons redéfinir nos frontières avec notre environnement et apprendre à poser nos limites en utilisant le « Non ».
Je vous l’accorde, ce n’est pas forcément facile d’oser dire non avec tact et fermeté mais cela s’apprend. Il faut au préalable neutraliser notre peur du conflit et clarifier nos croyances à ce propos, qui peuvent être : la peur de fragiliser l’harmonie familiale, la peur de décevoir avec la culpabilité qui s’ensuit, etc. En sachant dire « non », à bon escient, on respecte nos valeurs, nos sentiments. On est en accord avec soi-même et on se respecte.
En effet, le but est d’être davantage à l’écoute de nos propres besoins, de partager nos ressentis et nos émotions, d’exprimer ce qui ne va pas en utilisant toujours le « Je ». En évitant d’accuser l’autre, on a plus de chance que notre conjoint soit dans l’empathie, à chercher avec nous des solutions.
🗝 On peut apprendre à demander de l’aide, à savoir exprimer clairement notre requête.
Dans ce cas, il est important de reconnaitre la contribution de notre conjoint et de lui faire savoir que l’on apprécie ce qu’il a fait. Remercier encourage et motive notre conjoint à nous aider la prochaine fois, en plus d’être agréable à entendre.
🗝 Une autre solution pour s’alléger l’esprit peut être d’apprendre à négocier en couple, c’est-à-dire de redéfinir périodiquement, ensemble, le rôle de chacun, sans que l’autre interfère dans les tâches du conjoint.
Cela veut dire que l’on doit apprendre à partager notre charge de l’organisation, à lâcher prise, à faire confiance, à nous détacher de la culpabilité, à revoir notre seuil de tolérance et à accepter que les choses ne soient pas faites comme on le voudrait.
Notre conjoint doit de son côté, réussir à s’autonomiser et à assumer sa part dans l’organisation du foyer. Chacun doit savoir ce qu’il a à faire sans avoir besoin des directives de l’autre, sinon le transfert de charge mental n’opère pas. Par exemple, l’un peut s’occuper du linge et l’autre des courses. L’un gère l’administratif pendant que l’autre fait faire les devoirs. Etc….
🗝 Un point essentiel est de réussir à se mettre d’accord sur les valeurs à transmettre à nos enfants.
Notre rôle est de les élever dans une certaine cohérence parentale, en leur apprenant à être autonomes, responsables, organisés, avec l’idée que les tâches familiales concernant tout le monde.
🗝 On peut également faire en sorte de mieux prioriser les choses afin de gagner du temps.
Notre principale erreur est de faire des listes à rallonge sans prioriser, ce qui donne souvent envie d’abandonner ou de remettre au lendemain. La bonne liste ne contient que 3 choses urgentes et importantes à prévoir sur la journée, sans aucune recalée plus tard. La difficulté réside par contre dans l’estimation du temps. Parmi notre liste à rallonge, on peut aussi prendre un peu de recul et se dire que certaines tâches sont superflues et qu’elles peuvent tout simplement être éliminées. Je pense notamment au repassage. Ne peut-on pas se simplifier la vie et étirer simplement un peu son linge avant de le replier ?
🗝 Une autre solution peut être de compartimenter les différents domaines de notre vie, c’est-à-dire d’apprendre à nous concentrer sur le domaine dans lequel on est actuellement et de nous occuper uniquement que de la logistique de ce domaine.
🗝 Pour éviter d’être épuisée à longueur de temps et de devenir irritable avec notre entourage, nous devons prendre du temps pour nous.
Il n’est aucunement question d’égoïsme. Cela nous permet de retrouver de l’énergie, de la patience, de la disponibilité, des émotions positives et de mieux appréhender notre quotidien. Notre famille a besoin d’une maman heureuse et détendue, et non pas d’un zombie stressé. Par exemple, pour celles qui travaillent, il est possible de poser un jour de RTT pendant que les enfants sont à l’école. Et pour celles qui ne travaillent pas, il est tout à fait envisageable de mettre exceptionnellement les enfants à la cantine pour souffler un peu.
Le piège à éviter
Au moment de revoir cette fameuse répartition des tâches et de leur organisation, nous risquons, tout comme notre conjoint, de faire des choix relativement conformes à la tradition. Mais il est clairement possible de faire table rase des normes, en fonction des genres.
En effet, les femmes ont tendance à se tourner vers les tâches ingrates et peu créatives, comme la cuisine, le linge, les courses, les devoirs, qui reviennent quotidiennement. Les hommes, eux, sont plus attirés par les tâches occasionnelles comme le jardinage, le bricolage ou les jeux avec les enfants qui procurent plus de satisfaction.
De ce fait, les femmes ont l’impression d’avoir toujours le mauvais rôle. Elles ressentent peu de satisfaction par rapport à leur vie familiale et conjugale et sont relativement stressées, contrairement aux hommes.
Sachant que personne n’est surhumain, une meilleure répartition des taches mentales permettrait de mieux partager les responsabilités du quotidien et de rendre la vie de famille plus agréable pour tous.
Si la charge mentale est un sujet sensible et que vous sentez qu’il est temps d’opérer des changements, sachez qu’une méthodologie est nécessaire ainsi qu’un travail de fond afin d’obtenir des résultats efficaces sur la durée. C’est pourquoi, je vous propose un accompagnement personnalisé, en fonction de vos besoins. Je vous invite à réserver votre appel découverte sur mon site www.sandrine-bonnet.fr , pour un premier échange gratuit et sans engagement de 30 minutes.
Prenez soin de vous et de votre famille.
